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Démo

Pas tant d’émoluments, d’émotion, d’hémorragie
Que simplement des mots, recyclables à l’envi

Sur le fond bleu du ciel délavé sur les bords
Se détache le Mirail qui est à dire comme merveille
Et le panache de l’incinérateur

C’est en route vers le taf sur le scooter noir
Qui porte de gueules à deux léopards d’or
Qu’émerge ceci quand pointe le soleil

Le frais, hâte du re-kawa, me revoilà
En classe de cinquième, déjà le café
Le mercredi matin, courir chercher au Codec
Des Éditions spéciales pour faire trempette
Deux ou trois gâteaux à la fois, maîtriser
Le bain, les ramollir sans qu’ils ne s’écroulent

Ce qu’il faudrait maintenant faire avec les gens
Mais je refuse, obstinément
Un manager en peau de lapin ?
Très bien, je leur laisse la verticalité
Des dominants, des burnés bientôt out
Têtu, mais moins méchant que Caboche
Chef de la corporation des bouchers

Le feu est passé au vert mais je s’est arrêté
Sous la falaise de Varengeville
En costume de ville et lunettes de soleil
Alors qu’il pleut
Quelques pêcheurs le considèrent
Ils la connaissent si bien la force lunaire
Du gris, des flots écumants et de la craie salie
Par toute cette terre qui coule sur son front d’égérie
Leurs regards l’accompagnent jusqu’à son véhicule

Ô putain con tu avances ?!?!
Apoplexie sur le klaxon
Le toulousain dans une voiture est très sanguin
Respirer tout l’été la boue des clim n’arrange rien
Écrasé de langueur sous le feu
D’aucun plus raisonnable préfère passer
De l’inquiétude innée à l’hébétude ignée
Let’s go nonobstant

Mais la machine hoquète, nouvelle anamnèse
Journée dégrisement de Nancy boy
Après la mort du rock’n’roll
Soit l’explosion en vol des Sunderboys
Et maintenant que vais-je faire ? chantait Gilbert
(Qui faisait peur au petit enfant), et pourquoi pas poète ?
Oh c’est un four, oui ! Connexion trop fragile
Après le dégroupement, quand j’étais aux abois
À boire !
A bu, abondamment

Mais il s’agit de dépasser le cap malheureux, Maurice
Abandonner le rêve de devenir une île
Partager le monde-continent, néo Pangée
Où l’exil est banni, les Pontiques oubliées
Où je fourmille
Facteur Cheval prêt pour la Sagrada
Cheval dire à ta mère, fraises Tagada
Malgré la pollution publicitaire
Continuer la vitale aventure, comme Nature
En dépit des usines et de l’agriculture

Mais j’aperçois le lieu de servitude
Il faut que j’accélère, littéralement
C’est-à-dire sur la feuille, car il n’est plus sur son scooter
Eh non-lecteur
Ici je fais merveille
En écrivant
Sur le temps de travail
Évidemment

Trop dur d’écrire une main sur l’accélérateur
Toutefois, même si le trip du trajet ment
Comme tout récit, je mets mon cœur dans ces vers-ci
De hauts en bas j’embraye à fond comme dans Bullitt
Et rature les mots qui sont sortis trop vite

Au final moi aussi je donne une oeuvre-vie
Comme tous, comme Ernaux qui habite Yvetôt
Et qui s’est fait tirer par un russe
Sous le grand chapiteau du moi-je Gruss
Sauf que je vais à l’essentiel, en grande forme

Obscur par jeu, dans la nuit solidaire
- Fuir les Jourdain en turc qui se prennent au sérieux
Ma poésie déconnectée ne fait pas lien ?
Pourtant de lire à lier il n’y a pas si loin
D’ailleurs tu viens de dépasser la ligne 80...

Bon, il serait temps sans doute que j’ouvre les mails
Dis camarade, dis. Sculpte, joue, peins...
Si tu n’es pas élu, quelque astre plus heureux
Chopera ton étincelle pour nourrir le grand feu
Bertran de Born, ce beau fouteur de merde
Brille dans l’enfer de Dante
Chacun doit apporter sa pierre
Global Corp. cherra qui est dépourvue d’âme
Je crois en toi comme la vierge en la banane
Tous ensemble sinon rien, à quoi bon ?

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