Dans ma voiture d’artiste, C3 Picasso - importée d’Espagne comme il se doit, on me parle de Bruce Willis et des élections. La réduction des dialogues, le rétrécissement du choix. Une fois le bordel installé, la raison semble en baver pour se faire entendre. Les mots s’en vont ; il faut choisir entre le national et le libéral, la guerre aux autres ou la guerre aux pauvres.
Voilà la salle, je vais pouvoir développer (de la force). Dans la sérénité, car rien n’est reposant comme une salle de sport au mois de Ramadan (j’habite en Maghrébie, province de France). Oui, sans doute, mes propos peuvent porter à confusion. Je vieillis moi aussi. J’écris ce qui vient, rien n’est choisi.
J’essaie de dire le beau. Je l’ai déjà dit. Je me répète. J’en ai le droit, c’est moi qui paie l’hébergement.
Classe moyenne, culture à l’avenant, je contribue à ma mesure à l’entropie en polluant le web de vers égocentriques. Pourtant j’essaie de dire le beau. Mais tout ce qui s’affiche à l’écran, c’est le palmier de Bandini.
Alors je me tourne vers moi, et là j’arrive à pondre. C’est ainsi que vous lisez ici les événements de plinous, qui ne sont qu’une mosaïque d’états. Car le liant non plus je n’y arrive pas. Le liant me fatigue.
Pas beau, pas lié, c’est ici, c’est gagné !
Pourquoi des mots quand même ? Sans doute du fait d’ISO au-dessus de la moyenne - Putain ! J’ai laissé le moelleux dans le four ! La saloperie d’écriture !
Enfin voilà le produit, non développé : un composite de froid et de chaud, un artefact, comme Frida Kahlo.
Un produit de plus, déphasé dans la nécessaire décroissance. Mais déphasé aussi dans la société Koh-Lanta* [1], la société de la compète, la société du football où le messie a perdu son nœud.
Le produit - oui, encore - c’est donc cela : beaucoup de je, des ombres de beau-lié, inaccessible à l’auteur, et des provocations aussi gratuites qu’incongrues, qui parfois te font sourire, néanmoins.
Allez vas-y, mets tes lunettes de pute, je viens !
[1] astérique pour la postérité : émission de télévision qui mettait en scène la bassesse humaine dans un cadre Defoe.
J’ai enterré le chat dans le jardin.
C’était un peu plus difficile que ce que j’avais anticipé.
Au moment de déballer le paquet du vétérinaire, après que j’eus creusé le trou, je l’ai retrouvé, celui que les profanes appelaient "Diabolo", de son nom d’adoption, mais que je n’ai jamais appelé autrement que "le châ".
Il était là, comme le dormeur du val, hyper relax, tel qu’il était dans ses phases de sommeil sans rêve, la tête sous une patte. Lui qui était si mal dernièrement, toujours tendu, réclamant constamment à bouffer devant sa gamelle pleine, puant la mort par la gueule, il était, dans son espèce de grande couche-culotte, serein, calme, en paix.
Alors quand tu salopes son pelage gris avec ta pelletée de terre pourrie (terre de remblai sans un seul ver dedans), tu ne te sens pas au top, tu as déjà réalisé mieux. Ensuite le visage disparait, puis tu ne vois plus un poil, quelques cailloux de Garonne, tu finis de reboucher, tu tasses. Mais tu n’arroses pas parce que ce n’est pas une plante.
Après, celle avec qui tu partages tout vient te parler des courses, est-ce que tu veux quelque chose en particulier ? Non, tu ne sais pas. Tu es très concentré sur le ratissage. En fait tu n’arrêtes plus de ratisser alors même que l’endroit est parfaitement propre et égalisé.
Mais tu es un homme. Et puis c’est la guerre en Ukraine.
Un jeune homme à la moustache distinguée
Chante que nous rêvions tous d’un monde nouveau
Au présent j’en vois déjà beaucoup prier
Pour que les temps anciens restent dans le tombeau
Les temps anciens, si, vous savez, quand c’était mieux
Que les enfants portaient des blouses, que ma grand-mère
Mendiait avec ses huit frères et sœurs, et que la guerre
C’était tous les vingt ans, ah ! la bonne saignée !
Si ça sert de prier quand la bête est sortie
Quand le hun dépressif se jette sur le blé
En éructant l’enfer et déballant ses couilles
(un tantinet flétries, on peut le remarquer) ?
Perso - et sans surprise assurément - je dirais non
Mais je pense aussi qu’il y a mieux à faire
Il faut déjà éteindre les "chaines d’info"
Croyez-en un spectateur vétéran d’Irak
Ensuite il faut bannir toute inquiétude
Et méditer la phrase de l’adjudant :
"La peur n’évite pas le danger"
Ouvrir une bière ; coller aux habitudes
J’étais léger dans l’air, zéphyrien
Largement le temps de penser
Pas le "jusqu’ici tout va bien"
Non, la pleine sérénité
Puis vint la chute, se relever
Le phone à terre, la roue en huit
Et le bonhomme ? Rien de cassé
La jambe raide, la fesse cuite
- Bougez pas monsieur, on appelle
SAMU, pompiers, police et presse
- Euh non, merci, la vie est belle
Pauvre vélo, c’est la détresse
Y a un air-bag sur le capot
Je suis touché par l’attention
De l’ingénieur, joli boulot
Ce coussin blanc pour le piéton
Restons dans le blanc, le type
Qui m’a tapé, un bienveillant
Décomposé, toujours en flip
Cette fois t’as tué personne, grand
La couleur du feu ? Je sais pas
J’étais là haut, temps dilaté
Ce qu’on écrit sur le constat ?
Cycle et passage protégé