À Galapagos Cove avec l’idole blonde
Et l’écrivain
Dans ce magnifique roman de Joyce Carol Oates
Anxieusement absorbé dans ce moment calme
D’une tragédie intime dont la version factice
Est universellement connue
Marilyn
Le prix de la fame est juste exorbitant
Snobe cette vitrine, être doué de raison !
Incarner l’Amérique pour n’être plus que chair
Chair pour les porcs d’Hollywood
Chair pour la chair à canon
Chair pour la frustration
Ectoplasme à paillettes, projection pour zombies
Elle attend un bébé
Lèche le sang d’un burger qui a coulé
Dans son assiette, elle cueille des fleurs
On entend des vagues, on est inquiet
Vainement, puisqu’on connaît l’histoire
Tu ne devais pas écrire sur elle, Arthur
Elle méritait de profiter
Outre l’amour ? Un crawl en mer
Les moments de communion sont rares
Communion avec je ne sais quoi
(Et toi non plus qui dis "je crois")
Et ces moments sont de bonheur
C’est dans la joie qu’on communie
Communier ne veut pas dire comprendre
Juste se sentir intégré
Partie de quelque chose qui est sans doute
Mieux que rien, au final
Car la jouissance même rare est de ce monde
Le calme sidérant qui vaut validation
Après, l’humanité n’est pas à la hauteur
Et la guêpe pond dans l’araignée
Les lampes de l’univers s’éteignent progressivement
Les plus fortes implosent en dépressions toxiques
On peut juger le brouillon sale
Je note quelques extases dans le bouillon
Il y a quarante ans, un certain Marc Lavoine disait à ma chérie, alors âgée de seize ans, qu’elle avait les yeux révolver. Le bon vendeur fourguait tous les soirs cette came à ses groupies provinciales, sauf que là, en l’occurrence, il disait juste. De fait, les yeux verts diamantins de mon amour en avaient déjà flingué plus d’un, et allaient provoquer par la suite d’épouvantables hécatombes dans la population mâle ; j’en aurais à coup sûr subi la foudre si je n’avais été l’élu.
Car voilà, malgré l’assiduité sans faille de la concurrence, de l’âne brayant ses histoires d’anges et de parking jusqu’aux potes censément les plus loyaux, sans effort, en étant simplement moi - un moi que je n’ai eu cependant cesse d’optimiser conformément aux préconisations de Pindare - malgré l’adversité disais-je, je fus et reste l’élu, le choix de la plus belle femme du monde.
La durée de l’élection impressionne, souvent, dans cette ère du zapping où les amants buzzent "next" à la première contrariété. Qu’est-ce que cette femme piquante, sympa comme tout, fait avec ce mec ? Si on me posait frontalement la question, je répondrais sans doute : "je ne sais pas". Sauf un jour de franchise où je serais capable de dire "John Cazale", sans donner d’explications. Abscons oui, toujours, et le mot est sans doute encore un peu long.
Lumière sur la scène : littoral du D-Day dans les nuances de gris. Fiat blanche sous le crachin. Dedans, un élu, concentré sur l’horizon. Est-il inquiet pour sa réélection ? Non. Tant que vivra la votante.
Le Goéland 1951
Faisons simple, tout va bien
Il y a peut-être mieux sur Terre
Par ciel bleu, perso je n’ai pas vu
Bien-être artificiel dans un décor de rêve ?
Attitude, parisianisme et cool forcé ?
Les esprits forts distingueront
Bonheur et sentiment de bonheur
Moi je suis de Goa (sans y avoir mis les pieds)
De Laurel Canyon, d’Ibiza... donc de Jonville
Des gens débrouillards - et probablement friqués
Y ont monté un bar où une bière ambrée
Au couchant
Vous fait toucher au transcendant
J’observe mon amour sur son paddle, au loin
Petit bout de femme ramant, toujours debout
Le lac a l’air inoffensif, comme la vie, douce
Mais tout peut finir en vortex ; tout, et puis, rien
La vie de Brian n’a pas de sens, et la mienne ?
Pas plus évidemment, mais l’autre qui nous remplit
Agrandit la conscience, ouvre vers l’infini
Le cadeau de l’amour : s’échapper de soi-même
Et l’amour donne l’illusion du sens
Pour les plus optimistes, l’amour est le sens
Le pourquoi du quelque chose étant
Peut-on dire que le lac est un grand étang ?
C’est sûr, rimer ne rime à rien
Mais exister sans l’autre est totalement vain