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Mes Baléares

En moyenne, la séance de psychanalyse c’est 70 euros. Les anti-dépresseurs, c’est à l’estomac que ça fait mal. La pleurnicherie, vos potes et vos proches, si vous êtes quelqu’un de bien, vous voulez la leur épargner. Reste le blog, ou causer tout seul dans sa voiture en se curant le nez. Bon, je parle ici des malheurs ordinaires, du blues, de la vie dans sa dureté moyenne ; quand elle est implacable, il faut se faire aider, j’entends bien.

Tout ça pour introduire ma petite histoire, celle qui, je crois, explique en partie ma plinouserie, mon inaptitude au bonheur, ma crispation dès qu’on me raconte une histoire drôle etc. Ça se passe aux Baléares, j’ai trois ans. Je me souviens d’une piscine, d’un nuage de criquets, de gens qui dansent, de moi qui ris, et, et, de mon père qui m’emmène faire un tour dans un petit chemin chaud, au crépuscule, à l’extérieur du village de vacances.

- Qu’est-ce que tu dirais si maman ne vivait plus avec nous ?
Pouvez répéter la question ? Les cigales, l’air si doux, la joie des vacances, de l’avion ; et là c’est quoi ce truc ? Tu me le remeuleuleu ? Plus vivre avec nous ça veut dire quoi ? Allez, j’abrège les éclaircissements, j’aime bien me vider vite quand il y a de la pression. Ce sont des parents jeunes, qui ne vivent pas la même histoire ; lui sort des ses études supérieures, elle est vendeuse, ils m’ont fait en 68 et la mode est à la liberté. Mais deux parents aimants, attention ! jamais été Caliméro ! Néanmoins, dans ce village tout blanc, la maman s’est tirée avec le barman, un peu pour se venger d’une aventure tennistique du padre, si j’ai bien compris...

Quelques années plus tard, Maman sera tentée par le Portugal, Papa par une pétasse de bureau avec trois filles qui me volent ma collec de cow-boys et d’indiens. Deux secousses de quelques semaines dans un contexte général d’amour et de bien être. Deux tremblements de terre même pas mal qui ne font pas choir le château. Mais la confiance en l’avenir, l’optimisme, l’ascension régulière... ça ne sera plus possible, je le crains.

À toute chose malheur est bon disent les benêts qui ont sans doute raison. La fausse joie ne fait pas partie de mon univers, étant inquiet dans la quiétude. Et quand les vraies merdes tombent, je suis à terre évidemment, mais je ne suis pas tombé de haut. Puis la nuit, quand je sens le corps chaud de ma douce, je me sens bien, et les enfants, et les humains, la vie vaut le coup. Mais j’ai quand même besoin d’écrire un petit médicament de temps à autres.

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