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Le bain à Royan

J’étais sur la route, énième trip professionnel pour ouïr pérorer les grands stratéguerres de la DG dans le no man’s land futuroscopique. Il faisait chaud dans la caisse - je ne mets jamais la clim quand je suis seul car je préfère suer du dos qu’inhaler des bactéries ; le ciel était bleu outremer, vitraillesque, merveilleux ; quand tout à coup me prit cette envie irrésistible d’aller me baigner, à Royan tiens, c’est tout près.

Tout près, c’était cent bornes quand même. Et à bien y réfléchir, l’idée avait ses risques. J’étais missionné pour aller directos au Campanile, y piocher quelque peu les dossiers, pour subir le lendemain la parole poitevine avec l’air inspiré. Qu’irai-je raconter après avoir renversé une vieille sur le front de mer ? Ou pris un PV à Saint-Romain-de-Benet ? Et bien merde, je gueule ton nom Liberté !

Et me voilà garé, près d’Ombre blanche, aperçue dans Thalassa, d’où l’idée ? Pourquoi pas ? Désapage dans la bagnole grise plus fonction tu meurs, changer de ben pour un boxer qui fasse maillot. Et déjà l’eau, magnifique, peut-être 25 degrés. Et bordel, ça valait vraiment le coup ! Oh oui ça valait le coup. Et même les petites méduses étaient sympas qui ne piquaient pas. Et sous l’eau, le bonheur un peu plus froid. La mer, ok, je ne recommence pas.

Je sais bien Boss, tout parle pour toi. La carte pour l’essence, le machin qui fait bip au péage et qui permet de ne plus dire bonjour à la dame ou à la machine, le GPS et bien sûr le portable. Mais il faudrait que tu écoutes, or tu n’as pas le temps, ben non ; les sous-fifres on est tranquilles, du moment qu’on fait pas trop les cons. Mais écoute quand même ça Boss : ces quelques heures volées, ce coucher de soleil, cette fille sur la jetée, si bonnes ces heures, t’imagines pas. Bonnes comme ces plages du Débarquement que je revisitais en déplacement, pro buissonnier déjà, il y a vingt ans.

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