Accueil > Choses > Triper aux states avec un prof de littérature anglaise reconverti fermier
Reconverti fermier et désormais à la retraite, on ne dit jamais tout dans le titre. On laisse tomber la femme dans l’immobilier, accro au flouze et qui a vendu l’exploitation pour ne retenir que l’essentiel : prendre la route avec un type cultivé mais qui a choisi de vivre dans la vie réelle et traverser divers états. Manque encore cette information capitale : c’est Jim Harrison qui raconte ; autant dire qu’on n’a peu de chances de s’ennuyer. De fait :
I stood there drifting away with a vision of Marybelle with her feet up on the dashboard revealing the wonderful undersides of her thighs and her possibly divine muffin. [1]
La route, un type vieillissant qui doit repenser la fin de sa vie, le Montana, la Californie, l’Arizona, des références littéraires, du cul ou un regard sur le cul... presque un bouquin de fainéant. D’autant qu’Harrison, sans forcer le talent fait en permanence de la musique avec les mots :
When I said about her favorite novels that there didn’t need to be a conspiracy, they own it anyway, she said, what do you know of the world ? Maybe she was right, but then on the evening news they talk faster and faster hoping that they’ll find something to say while I’m trap back inside Emerson’s essays. [2]
...hoping that they’ll find something to say/while I’m trap back inside Emerson’s essays.
Des vers, ni plus ni moins. Lire du Harrison est de toute façon un bonheur, alors avec tous les éléments suscités... Harrison n’a peut-être pas sué comme un fou pour faire errer ce Cliff qui doit bien lui ressembler un poil, mais le livre ne suit pas une route 66 tentante mais attendue. Certes, un mauvais scénariste ferait quelque chose des éléments de scripts proposés, mais Harrison fait mieux : il nous sort de la Highway, explose la Ford Taurus et nous entraîne dans les méandres escarpés des doutes existentiels, sans jamais faire chier (le mal français).
What bothered me on the sleeping bag listening to Marybelle and the river was the idea that with my clumsy consent my own script and most of the human race’s had been written for us. [3]
Qu’il y a ait un "grand script" comme le pensait Jacques le fataliste, ou pas, il y a à coup sûr chez les humains des individus capables de nous transporter dans un ailleurs jubilatoire. Vive l’humanité, vive Harrison !
The English Major /Jim Harrison. Grove Press 2008.
© plinous (commis le mardi 6 novembre 2012 et déjà lu fois !) | contact | ? | tout