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La fine amor qui finit mal

plinous, le jeudi 25 août 2005.

La dame de Vergy accorde son amour à un vassal du duc de Bourgogne, à une condition : celui-ci ne doit parler de leur liaison à personne. Hélas, la méchante duchesse, éprise du même chevalier et furieuse d’être rejetée, manoeuvre de telle sorte que le secret soit dévoilé. Les conséquences de cette révélation sont étonnamment tragiques.

La châtelaine de Vergy, petit roman en vers du milieu du XIIIè, a quelque chose de fascinant. Mais quoi ? L’intrigue n’est pas particulièrement complexe, la structure du récit est carrée - même si les événements s’emballent dans une valse morbide à trois temps [1]. Serait-ce le mystère lié l’interdiction faite au chevalier de parler de son amour ? En fait, la raison de cette exigence de secret est probablement assez triviale : la châtelaine, nièce du duc de Bourgogne, est un parti trop élevé pour le chevalier. Finalement, ce qui envoûte dans cette histoire, c’est peut-être son charme discrètement pessimiste. Le ton général n’est pas à la lamentation, loin de là, il est même quelquefois enjoué, toujours savoureusement vivant :

Que jel deïsse a nul gent ?
Je me leroie avant sanz faute
Trere les denz l’un avant l’autre !
 [2]

Mais les amants meurent néanmoins d’avoir perdu leur paradis secret. On ressent également comme une révolte dans cette histoire, ou du moins un refus de se résigner à l’absurde : la société tue l’amour vrai, condamnant ainsi le bonheur et nourrissant le ressentiment.

La Châtelaine de Vergy /anonyme. - folio classique.

[1Le chevalier parle au duc qui parle à la duchesse qui parle à ses dames ; ce qui entraîne la mort de la châtelaine, puis la mort du chevalier puis la mort de la duchesse.

[2Que je le dise à quiconque ?/Je me laisserais plutôt à coup sûr/arracher les dents l’une après l’autre !