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Cox missionary

Pour une plongée dans les eaux troubles françaises des années Pompidou-Giscard, Manchette est un excellent guide. Dans La position du tireur couché, retrouvez cette ambiance SAC, SM, DS, CIA, KGB ; vous êtes un barbouze qui veut prendre sa retraite mais Cox a d’autres plans pour vous...

Évidemment, comme tous les auteurs élégants depuis Flaubert, Manchette est silencieux. Pas d’analyse socio-politique, pas de discours sur les personnages ; on suit Terrier de cadavres en cadavres et on se trouve tour à tour efficace (avec un Colt ou un HK4), con (rien lu, rien vu, rien écouté sauf la Callas) , cruel (un petit coup d’allume-cigare dans l’oeil ?), malin (mais moins que Cox), pitoyable (éjaculateur précoce maintenant, avant c’était plutôt l’impuissance, et en plus il bêle !)... juste un mec, tueur à gages de son état, dans un monde "politique" au sens guerre froide du terme et 68 encore très proche.

Certes, on sent l’ironie hénaurme, mais ils sont très forts ceux qui, connaissant l’engagement gauchiste de Manchette, y voient "une critique de la société" (de droite). C’est plutôt l’absurde qui prédomine. A la fin du livre, Terrier, récupéré par un ponte de la "compagnie", prend connaissance de la réécriture de ses frasques à des fins de propagande :
- Vous trouvez tout ça crédible, vous ? Demande Terrier.
- Bien sûr. Vous pouvez me faire confiance ; j’ai supervisé plusieurs livres de ce genre, répond l’agent.

Cette mise en abîme, qui peut évidemment se lire comme un reflet des doutes de l’auteur sur son oeuvre, pose la question des fondements d’un monde bâti sur la violence et le mensonge.

La position du tireur couché /J.P. Manchette. - folio policier.

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