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Mrs Dalloway

Avant tout, confesser une réelle difficulté à rentrer dans ce bouquin. C’est du Proust sans mode d’emploi. Chez Marcel aussi on a une pluralité de consciences qui observent le monde dans l’instant, sauf qu’on est guidé par UN narrateur, qu’on ne saute pas d’une tête à l’autre dans la rue ; franchement, il faut suivre !

Mais peu à peu la magie opère, on trouve ses marques, les moi qu’on a laissés reviennent, ça sent le puzzle ; on reprend confiance en se disant qu’il ne s’agit pas d’une performance littéraire à la Butor ; Virginia Woolf ne veut pas nous montrer qu’un écrivain peut s’amuser, elle nous envoûte avec un stratagème narratif élaboré.

La magnifique traduction de Marie-Claire Pasquier se fait complètement oublier et restitue en une prose poétique fluide la complexité de visions parfois chaotiques... Comme celle de Septimus, dont la folie est dépeinte avec une acuité... flipante :

Il se mit, avec précaution à ouvrir, les yeux, pour voir s’il y avait là, vraiment, un gramophone. Mais ces choses-là, celles qui existaient pour de vrai, étaient source d’excitation. Il fallait qu’il fasse attention. Il ne voulait pas devenir fou. D’abord il regarda, sur la première étagère, les journaux de mode, puis il remonta peu à peu les yeux vers le gramophone avec son pavillon vert. Parfaitement exact. Alors, rassemblant son courage, il regarda la desserte ; l’assiette de bananes ; la gravure de la Reine Victoria et du Prince Consort ; le dessus de la cheminée, avec le vase de roses. Aucune de ces choses ne bougeait. Elles étaient toutes immobiles. Elles existaient pour de vrai.

Mrs Dalloway de Virginia Woolf. - Folio.

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