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Kaputt mundi

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Kaputt mundi

Dans l’avion vers la ville éternelle, quelques mots contingents ? Dire à nouveau que la vie est belle - un peu moins belle pour le migrant ? S’abstenir aussi, au-dessus des nuages, une autre option, sans doute très raisonnable, mais où gouverne la raison ? Allez, quelques graphèmes, que tu transformeras en phonèmes, conformément à la méthode officielle ; sans doute, tu ne comprendras pas tout quoique tu saches décoder, ce n’est pas grave : ce qui est écrit dans le ciel est toujours mal interprété.

Demi-siècle, tentation du bilan. Y renoncer. La fête aussi, où on dit "demi-siècle !" Juste un peu de rhum, en famille ; celui du vendredi, avancé au lundi. Pas de rétrospection, de pré-nécrologie, avanti ! Dix ans pour passer 80 kil au DC, voilà ! Ça c’est de l’ambition. On est si bien sous la barre ! Avec les tripes un peu fragiles, le cerveau gastrique sur-développé, il est insensé de vouloir exploser les niveaux. Avicii en témoigne qui fit danser le monde globalisé, et fut bouffé par le show. Aurea mediocritas ! Voilà le secret. Et tant pis si c’est aussi ce qu’on dit à la CFDT.

L’individualisme va nous tuer, c’est certain. Tout le monde veut son petit bonheur à deux francs, avec une BMW si ce n’est pas trop demander. Voyager aussi, se la jouer loup dispersant alors que le sauvage est si loin ! L’agriculture, qui nous empoisonne aujourd’hui, nous a dégénérés. Le mammouth et les myrtilles, c’était la fraternité ; le grain, les bêtes dénaturées : ce sont enclos, silos, commerce, castes, guerres, Rothschild, Macron. Oui, c’était mieux avant, mais c’était il y a très très très longtemps, avec le smilodon ; fallait quand même être prudent. Depuis les plantations et les herbages, nous salopons. Quand on sera 10 milliards, on suffoquera sous l’inflation - sauf quelques ultra-riches qui se seront offert leur Xanadu. Puisqu’on laisse faire, c’est qu’on s’en fout.

On se fixe des objectifs personnels, atteignables et tout à fait dérisoires. Par exemple, aller à Ostie en vespa pour se planter devant le pauvre monument Pasolini, faire son Nanni Moretti quoi ; avec Keith Jarett sur le porte-bagages ? Non, probablement pas. De l’idée quand même, on peut pas nier, même si tant d’autres ont déjà suivi le même chemin ; de l’imagination classe moyenne, c’est mieux que rien. Et puis foin de culpabilisation ! Allons, est-ce que les godillots en marche, les tragédiens de la dette, les innovants sur fonds de papa, enfin toute la start-up nation serait du genre à douter de son bon droit de jouir de la dolce vita ? Non, c’est sûr et en même temps certain.

Bon, c’est le début de la descente. Le voyant dit d’attacher sa ceinture. Hier, il y avait beaucoup de CRS devant la faculté. Ils venaient de déloger une soixantaine d’étudiants qui tentaient un revival 68, sans les mots et sans soutiens ; bilan : un doigt cassé. Ah si, ils avaient convergé avec les cheminots, mais va savoir pourquoi, cela faisait rire les collègues. Soit, mais... Oh ! La voilà ! Et le Tibre, qui a première vue doit bien valoir le Loir gaulois. Joie, amour. Roma.

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