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La mort de Nate

Nate est mort. Oh ce n’est pas vraiment une surprise, j’avais bien saisi des bribes de conversations chez les collègues branchés qui auguraient mal de l’avenir du personnage ; surtout, j’avais noté son absence sur la photo de groupe en deuil au dos du coffret. Néanmoins, après sa sortie du coma, j’ai voulu croire qu’on pourrait encore s’en tirer. Mais vint ce cauchemar où David en surfeur déjanté reprend subitement son costume de croque-mort alors que Nate s’enfonce dans l’océan... Fondu au blanc ; Nate fisher 1965-2005.

Ensuite on est partis en convoi pour l’enterrement biologique. Jusque-là tout va bien. C’est lorsque Sarah a attaqué la lecture d’une ode mystique de Rumi que les choses sont parties en sucette. J’ai pas senti venir la première, une bien ronde qui a dégouliné jusqu’au menton ; les autres ont enchaîné, je n’ai rien pu faire.
- Bah alors mon chéri ?
- Yep, désolé.

C’est une première, je tiens à le dire. La buée, voire la larmichette au coin de l’oeil, je suis un habitué, un coup de manche et plus rien n’y paraît. La fin du Titanic avait failli m’avoir en son temps, devant des élèves en plus, mais failli seulement. Là, je me suis bien fait couillonné. Ce n’est pas un drame bien sûr mais quand même, ça fiche un coup à la fierté de tomber dans le panneau, de réagir comme l’équipe de scénaristes l’a prévu, de faire la preuve de l’efficacité du produit. Nate Fisher a pleuré lorsque que Curt Cobain est mort, a bossé dans une entreprise funèbre quoiqu’il en ait maintes fois dit, a cherché la paix dans le silence, est mort à quarante ans. J’étais bien coeur de cible.

Voilà au moins qui prouve que la cible a un coeur. (Consolation facile [*].)

[*Ne jamais les refuser.

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