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Bourbon

J’aurais voulu une santé à détruire, comme Kerouac ou Crumley. Je m’aimerais quinquagénaire, gras et trapu.

Le fonctionnaire, moi ; las et sans envergure.

Je dégoûterais les jeunes pisseuses rêvant ma sueur sur leur corps sans histoire, mon gras qui colle et mon souffle volcan. Je les sens craindre mes pets et penser des étrons formidables, à les voir soupeser les balloches des ivrognes balzaciens qui se battent dans les bars.

Mais je suis maigre et me couche à onze heures.

Je ferais tellement bien cop, LAPD, pit-bull au whisky et à la benzédrine, les muscles qui étouffent sous la graisse, le regard presque éteint de la bête endormie ; et puis les larguer tous après le coup d’enfer !

Je tairai mon salaire, ce serait larmoyant.

J’aurais fait la légion bien sûr et ne naviguerais plus que dans la bière, les yeux au bord des larmes d’un constant souvenir... Il me souviendrait de la femme, quand je suais sous la tente le fusil toujours prêt.

Je suis né où il pleut et j’y suis retourné.

Mon physique à lui seul incommoderait les progressistes, et tous les culs serrés vomiraient mes Ray Ban ; je n’en aurais qu’au cul des pimbêches révoltées, anarchiste sans idéologie, de fait. À la crosse de 45 je fracasserais les chasseurs de têtes des R.G. qui en veulent des comme moi pour travailler des mecs.

J’ai peur d’une vache dans un chemin et paie mes amendes.

Dans les mémoires des porteurs de la morgue, qui en ont vu bien d’autres, ma mort se gravera. Je me serais fait péter à la grenade, à moins qu’auparavant on ne m’ait effacé. Le suif mêlé au sang roussi, une performance abstraite !

Et pour l’heure j’attendrai la retraite.

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