01/11/2025
J’ai pondu un texte, ça faisait longtemps. Marathon J-1, j’avais sans doute besoin d’une diversion.
NB : Il faut reboucler sur le titre à la fin.
02/11/2025
4H30. Ce n’est pas un temps de ouf, je le concède, mais quand même, 42 km, en courant, tu le fais, t’es content. Point. Ce qu’il faut aller chercher dans son mental au-delà du trentième kilomètre est bien au-delà du coup de pied au cul. L’expérience du corps qui dit stop, qui s’arrête, est unique et extrêmement enrichissante. Faire contre son envie, ou malgré un gros ras-le-bol, tout le monde sait faire, plus ou moins. Mais faire repartir la machine corporelle qui a calé, c’est une autre histoire !
Et le cadet, 4H16 pour sa première expérience, quelle joie ! La plus grande crainte que j’avais lorsque j’ai décidé de l’accompagner sur cette aventure, c’était qu’il ne puisse pas aller au bout, il y a tellement d’aléas ! On en a vu aujourd’hui des gens vomir toutes leurs tripes, se coucher sur la route, littéralement, ou encore subir une attaque sauvage de crampes. Et puis il y avait cette pression : c’était le dernier membre de la famille à ne pas être marathonien... Après la mère, le père et l’ironman du frère, le DNF [1] n’est pas une option...
03/11/2025
Quelle belle chose que le télétravail un lendemain de marathon ! Pas plus de douleurs que ça au final, mais une nuit un peu compliquée avec un sentiment d’énervement diffus, et aujourd’hui, un peu groggy. Tiens, un mail de l’organisation qui me propose de télécharger ma "médaille digitale". Elle n’est pas pire que la vraie médaille en déchets de bois compressée qu’on nous a remise hier - il a bon dos le développement durable ! Et puis aussi tant que j’y suis, le mail de ce matin qui nous propose les photos de l’événement : 35 € - comme si on n’avait pas déjà payé une inscription... De toute façon avec ma tronche à faire peur, j’en aurais fait l’économie. Et l’événement, globalement, pour business-business qu’il soit, il a toujours le mérite d’exister.
Et sinon ce midi j’ai mangé dehors avec le rouge-gorge en mode curieux et même pas peu du chat. Rien ne vaut un rayon de soleil d’automne (au sud, soit chaud sans agressivité) pour finir de te réparer.
04/11/2025
On avait dit non et puis finalement on est au cinquième épisode de Nouvelle École saison 4. C’est bien fait, faut reconnaître. Du Koh Lanta, certes, mais avec quelques moments vrais et de belles éruptions de talent. Même pas honte au final.
Et puis les clichés du rap, OK, ses figures imposées, ses punchlines toutes faites, OK. Mais ses fulgurances, ses images bidonnantes ou poignantes, sa recherche ! Il ne reste déjà plus rien de Laurent Gerra ; certains rappeurs auront fait évoluer notre langue, c’est-à-dire notre façon de penser.
05/11/2025
Dialogue du jour (mais récurrent désormais) :
- Je vais me faire arrêter quinze jours.
- Disons que vous allez voir votre médecin, lequel va établir un diagnostic et le cas échéant vous arrêter.
Résultat : 15 jours d’arrêt. Cette saynète fonctionne aussi avec un mois ou la durée que vous voulez.
Élise Lucet vous le dira : c’est bien sûr le signe qu’il y a de plus en plus de souffrance au travail. Seuls les esclavagistes peuvent imaginer que la gabegie des arrêts fragilise les individus, les arrêtés qui finissent par se croire réellement en souffrance puis à l’être, et ceux qui restent et qui doivent faire double boulot.
Et les médecins ! Mais combien de Jérôme des Bronzés dans cette corporation !? Avec une mention spéciale pour la médecine du travail : fini les soucis du cabinet, les diagnostics compliqués, la médecine... Vive la sociologie light, le syndicalisme en mode psy, les 35 heures, avec quelques préconisations voire une alerte aux RPS de temps en temps, pour justifier le parasitisme.
(Mon beau-père m’avait bien dit qu’en vieillissant on virait à droite).
06/11/2025
Repas de cohésion du top management ce midi. Le Restaurant (c’est son nom). Tradi, très bon ; gaillards du sud-ouest au service, très marrants. Bon moment.
07/11/2025
"Dépassements d’honoraires". Je ne suis pas décliniste, mais cette ignominie qu’on a collectivement acceptée ne plaide pas pour un parcours bien orienté. La collègue me raconte : 700 balles pour le chirurgien, 250 pour l’anesthésiste. Ou sinon c’était un an de plus avec un hallux valgus à déchirer la chaussure. Et à condition d’accepter de se faire charcuter par un interne. Sérieusement, comment peut-on tolérer cette évidence de médecine à deux vitesses ? Pour détricoter l’œuvre du Conseil national de la résistance, le libéralisme aura agi sur le temps long et une relative discrétion. Mais quand on en est à lâcher 950 balles de dépassement d’honoraire pour une opération, il est clair qu’il ne reste plus lourd de fil sur le tricot.
Bon, mais c’est le week-end. Envie d’un drink sérieux, et ça tombe bien, le marathon et sa prépa c’est de l’histoire ancienne (déjà une semaine !). Ceci dit, je m’y suis bien fait à la meilleure hygiène de vie. Oui, au final c’est assez cool la vie sans alcool. Allez, un petit gin-triple sec-schweppes quand même, mais sûrement pas plus.
08/11/2025
Retour à Basic, retrouver le bonheur calme de la salle vide (tôt le matin) et du plaisir simple que procure la levée de fonte. Question perfs, c’est la cata, jusqu’à l’archicata concernant les tractions : une. Du jamais vu. Impossible de me tracter verticalement plus d’une fois... La prépa marathon et les 3 mois d’interruption de tout boulot sur le haut du corps a fait des dégâts. Et l’âge n’arrange rien... Mais tranquille, on va se fixer des objectifs modestes, et bien kiffer les séances.
Départ pour Labenne, AirB&B. Nouvelle localité à découvrir dans une région qu’on connait bien.
09/11/2025
Labenne, à première vue, c’est du Hossegor ou du Seignosse en moins développé pour le tourisme, une petite commune bien tranquille, sans grand intérêt - hormis celui, majeur, de jouxter l’océan - qui doit cultiver un solide entre-soi. Car de toute évidence, à Labenne, comme dans les deux communes surnommées et comme sur tout le littoral ouest d’Étretat jusque Biarritz, on est plutôt bien financièrement, et on est plutôt Parisien aussi.
Oui, les identités régionales tout ça, Normandie, Bretagne, Landes, Pays basque, rien à voir... Mais si, sur la côte, tout se lisse. Il y a surtout des Bordelais à Arcachon ? Et alors, qu’y a-t-il de plus parisien qu’un Bordelais ? On peut parler de Français si vous voulez pour désigner ces dentistes golfeurs, ces publicitaires surfeurs et autres EdTecheurs à chevaux, tous en tenues si cool et nonobstant si chères. De bons Français bolloréens.
Ceci étant, apéro dinatoire chez Monsieur Mouette après un bon bol d’air, dehors, en novembre, rires. Peronne ne dit que la bourgeoisie manque de savoir-jouir.
Aujourd’hui : Ondres-Océan. Superbe journée, belle balade, rouleaux majestueux. Déjeuner dehors au SoBeach. So good ! (Pas tant le suprême de poulet pression mousse au chocolat que le décor et le plaisir de manger dehors en novembre).
Et l’après-midi c’est la réserve naturelle d’Orx (Les Landes n’égalent pas le Pays basque pour les noms zarbis mais quand même). Très belle réalisation. Beau parcours dans un marais bien vivant. Je ne sais pas quelle collectivité a financé, mais bravo !
10/11/2025
Arcachon. Je ne me souvenais plus, j’ai compris pourquoi. C’est très oubliable Arcachon. Un front de bassin sans harmonie, une rue-centre ville plutôt courte et sans boutique remarquable, juste un café d’angle assez sympa. Pour une expansion de Paris, c’est assez décevant.
Et pour le retour, esquive de la rocade bordelaise via Saucats et La Brède, très bonne idée ! L’occasion de revoir le château de La Brède (ou naquit Montesquieu, c’est ça), qui est une belle grosse bâtisse bien compacte, beaucoup moins élégant qu’un château de la Loire, mais recélant un charme bourru très aimable dans son bel écrin de verdure.
11/11/2025
Ce soir, vu In Waves and War sur Netflix, documentaire qui suit d’anciens Navy Seals souffrant de stress post traumatique, qui parviennent à s’en sortir grâce à une thérapie psychédélique. Le docu est bien fait et émouvant - même s’il est permis de vouloir garder ses distances par rapport à un narratif positif (à l’américaine), voire simpliste.
Pour avoir connu une expérience avec Lucy (in the Sky with Diamonds), je n’ai aucune difficulté à croire que l’hyper lucidité, qu’on ressent une fois le plongeon effectué, puisse aider des personnes en combat avec eux-mêmes. Mais puisqu’on est tous plus ou moins dans cette situation, à des degrés certes très divers, je crois qu’on devrait tous avoir le droit de "reseter" notre cerveau de temps en temps si le cœur nous en dit, et aussi de vivre, pour augmenter son champ de connaissance et d’expérience, ce voyage proprement sidérant.
12/11/2025
Jour de congé. Quelle bonne idée ! 0 course, 0 bousculade, le bonheur. Après les mouvements du matin (10 minutes quotidiennes d’inspiration "bonjour au soleil"), rester en jogging et robe de chambre en pilou et se faire cuire des œufs, avec tranches de fromage. Impératifs naturels du matin - en prenant le temps de résoudre le sudoku, salle de bain, tenue de sport. Salle (de sport). Lecture du Monde. Jardinage light. Plateau repas devant CNN. Sieste avec le chat. Lecture de Fontenelle (un peu pénible, didactique disons, XVIIIe...), réalisation d’un clafouti aux figues. Check des mails pour ne pas être agressé demain. Deux petits travaux de relecture et fermeture du laptop. Libre pour la soirée. Quelle belle journée !
13/11/2025
La déesse a un problème. Je ne sais pas exactement lequel et évidemment ça me travaille. Arrêt maladie de trois jours, pour l’instant, et promesse de me raconter un exemple de "perversité humaine" à la reprise. Avec ça, il y a de quoi broder...
Et oui, je prends un sacré risque en évoquant la muse douloureuse, je ne sais par qui je suis lu... Mais on écrit son journal ou pas. Dans le mien, il y a une déesse, qui n’éclipse pas la compagne adorée.
14/11/2025
Spatz me traine au Bikini. Cerise sur le gâteau après un vendredi taf bien contrariant. Je vais encore éprouver ce terrible syndrome de l’intrus qui m’assaille dans ces lieux à jeunes. Le cran juste au-dessus, c’est l’imper ouvert à la sortie de l’école.
Bon, finalement, dans le noir, pas loin du bar ça peut le faire. Arrive Rakoon, le mec qu’on est venu voir (sa musique fait partie de la running playlist de Spatz). Je m’attendais à de la dub sous amphètes, en fait, c’est plutôt de la daube orientalisante avec des solos de guitare genre rock californien des années 70. Je retire "daube", il faut savoir résister à la tentation allitérative, disons plus précisément qu’on a affaire à un genre de ska trancifié. Ça passe par moment, c’est vrai, mais quand ça commence à prendre, le mec parle. Enfin le mec... le garçon fragile. Mais quelle bavarde !
Bon, quand même, au final, c’était mieux qu’un vendredi soir Netflix.
15/11/2025
Bien, je crois qu’il est écrit qu’une femme ne gagnera jamais Nouvelle École, surtout si elle rappe un texte intelligent et intelligible. Pour SCH, c’est beaucoup trop d’infos à computer, c’est la panique. Alors avec en plus une scénographie cohérente et trois notes exécutées au violon à la fin, là, pour le chevelu de Marseille, c’est la fusion dans le cerveau. Déjà qu’il avait perdu trois litres d’eau avec son anorak de ski sous les spots, après la prestation de 2L il a fallu l’évacuer. Il n’a accepté de revenir qu’à la condition que l’intellectuelle (la fille dont on comprend le texte) serait exclue.
Donc Shayne. A bien bougé, rien à dire. Perso rien ressenti, rien compris. Mais bon, je ne suis pas dans le game non plus.
16/11/2025
Plus d’internet à la maison. Le problème se situe au niveau d’un boitier sur un poteau juste devant le portail du lotissement. Quand les gars d’Orange sont venus installé la fibre, ils en ont chié un peu pour passer la gaine dans les regards jusqu’à la maison, ce qui leur a fait perdre du temps. Ensuite, comme le boitier était plein, ils ont bidouillé un branchement en chevauchant ceux voisins ; bref, ils ont fait du bricolo pour ne pas trop dépasser le temps assigné pour une intervention.
Depuis, régulièrement, après une forte tempête par exemple, la fibre saute. Un premier technicien se déplace, constate que c’est "aérien" (sur un poteau) et qu’il ne peut pas intervenir. Un deuxième technicien est alors appelé, celui-ci vient avec une nacelle, coupe un bout de fibre et rebranche. 15 jours sans internet à chaque fois. Et au bout d’un moment, il n’y a plus assez de longueur de fibre pour rebrancher. Ce qui nous amène à la situation présente, annoncée de multiples fois à Orange par les techniciens successifs et moi-même.
Et donc, quelqu’un chez Orange va devoir prendre la décision : repasser une fibre ET changer le boitier sur le poteau pour avoir plus de branchements possibles et sécuriser un peu l’installation car on est clairement sur une bidouille de favela. Mais là, on est face à deux problèmes qui sont en passe deviennent récurrents :
1. Qui à l’autonomie décisionnelle nécessaire dans la boite pour lancer une opération qui sort du process, et quid de l’impact sur les objectifs de ce manager s’il prend la décision ?
2. Comment le client peut-il expliquer le problème à cette personne susceptible d’agir, même indirectement ?
Orange, mais c’est le cas de tous les mastodontes aujourd’hui, est une organisation très processée qui affiche des bons taux de satisfaction clients. Simplement, malheur à ceux qui font partie des non satisfaits (pour des raisons légitimes, genre : je paie pour un service qui ne m’est pas rendu). Plus d’humains autonomes, plus d’analyse de situations non standards, plus de suite donnée à un problème relevant des aléas du réel (type boitier trop petit sur un poteau et fibre branchée à l’arrache). L’intelligence artificielle arrive là-dessus. il va falloir prier fort pour faire partie des catégories de cas connus.
17/11/2025
My life has been the poem I would have writ,
But I could not both live and utter it. [2]
Encore une journée de taf qui se termine à 22H44 (relectures). Tout est dit pour aujourd’hui.
18/11/2025
L’entrevue avec la médecin du travail s’est très mal passée, c’était hautement prévisible. J’ai essayé de ne pas lui dire que le trouvais génial le modèle économique de sa boite qui consiste à générer des troubles pour ensuite vendre des remédiations (sans garanties aucunes). Je l’ai dit. Et "pompiers-pyromanes", je l’ai dit aussi.
Sinon, la déesse est revenue au taf. Un petit animal blessé. Pourtant une femme forte. Je ne sais pas ce qu’on lui a fait. Elle n’était pas en état de me le dire et ne me le dira peut-être pas, pour se préserver un espace d’oubli au boulot. Elle m’a dit en revanche que mes mots lui avaient fait du bien. Enfin un peu de verbe performatif.