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HJ by DL

Author ! Author ! est un belle réussite en matière de biographie romancée. David Lodge parvient à rendre vivant et émouvant ce grand bourgeois so "comme il faut" d’Henry James, une gageure tout de même. Cette réussite tient sans doute à cette idée de composition assez originale : articuler le récit autour d’un bide. Henry James rêve d’un succès au théâtre ; sa première pièce rencontre un succès d’estime, la suite est plutôt laborieuse jusqu’à l’écriture de Guy Domville, qui sera, pour HJ, ou son premier franc succès, ou sa dernière tentative d’écriture pour le théâtre.

La messe est dite le 5 janvier 1895, c’est le four complet avec humiliation de l’auteur sur scène. Cet événement intervient à un moment du récit où le lecteur est plus qu’en empathie avec James, qui aveuglé par le désir du succès, n’est pas en mesure de recevoir les signaux d’alerte qui indiquent que l’entreprise pourrait échouer. Le succès phénoménal de Trilby, le roman de l’ami de James, l’illustrateur George du Maurier, le triomphe d’Oscar Wilde au théâtre, la percée de jeunes romanciers comme H.G. Welles, plus intéressé par le monde moderne que par la psychologie humaine, sont autant de signes qui semblent indiquer que l’attente du public n’est sans doute plus orientée vers ce que James propose. Celui-ci ne voit rien venir, et le lecteur de compatir.

On cherche évidemment l’identification de Lodge à son personnage. Par exemple, lorsque Henry James se peint sous les traits de Dencombe dans son roman The Middle Years, Lodge nous décrit l’émotion de HJ rédigeant les dernières paroles de l’écrivain qui n’a pu achever son œuvre :

Henry summoned up a deathbed speach of such poignancy and eloquence that it brought tears in his own eyes as it penned it.

Voici ces derniers propos de Dencombe :

A second chance - that’s the delusion. There never was to be but one. We work in the dark - we do what we can - we give what we have. Our doubt is our passion and our passion is our task. The rest is the madness of art. [1]

James s’apitoie sur lui-même au travers de Dencombe, Lodge en ferait-il autant au travers de James ? Cela ferait une belle mise en abîme ! Mais c’est assez peu probable ; Lodge est un auteur dont le succès ne se dément pas ; il n’y a sans doute pas d’effet miroir à rechercher dans Author ! Author !, qui émane plutôt de l’authentique désir de contribuer à la mémoire d’un écrivain qu’il admire profondément. [2].

Admiré jusque dans son conservatisme, certainement. Voici ce que le narrateur Lodge dit des sentiments de James suite à la condamnation d’Oscar Wilde :

Wilde has constantly flouted the constraints which society wisely imposed on deviant sexual behaviour, and his overweening vanity has convinced him that he could do so with impunity. Henry felt pity for the man, but not empathy. [3]

Le moindre que l’on puisse dire, c’est que Lodge n’a pas pris soin de marquer un écart entre le point de vue de James et celui du narrateur, "Henry felt" n’apparaît en effet qu’après les mots wisely, deviant et overweening. On découvre ainsi un Lodge bien conservateur. La peinture de l’autre, même dépourvue de visées réflexives, renseigne toujours aussi sur soi.

Author ! Author ! / David Lodge. - Penguin Books.

[1p. 168

[2Les visée altruistes étonnent toujours aujourd’hui.

[3p. 285

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