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Avertissement (Angot)

J’ai une pensée émue pour le lecteur occasionnel qui, au Relay d’une gare ou d’un aéroport, s’étant rendu compte qu’il n’avait ni le courage de revoir son dossier professionnel ni l’envie de faire des Sudoku pour la durée de son trajet, se décide à acheter un court roman et opte pour Une semaine de vacances de Christine Angot, 6 euros. Une semaine de vacances, c’est engageant ! Certes, la quatrième de couverture ne fait pas mystère de ce que le texte peut susciter "des sentiments dont l’angoisse ne peut être évacuée"... Un thriller donc ? Une petite centaine de pages anxiogènes, police 14, lecture speed... tentant.

Ce brave lecteur, ignorant du fait Angot, se trouvera cueilli dès la première page avec ce monsieur sur la lunette, tranche de jambon sur la teub, invitant une femme à se sustenter. On aurait pu l’avertir tout de même qu’il s’agissait d’un récit porno ! C’est vrai, mais il aurait aussi fallu le prévenir que dans l’histoire, très vite, le monsieur et la femme se révèleraient père et fille, qu’il y aurait de la vaseline et de l’exploration ad nauseam, juste entrecoupée de repas deux étoiles Michelin vite expédiés.

C’est compliqué d’avertir pour l’éditeur, ça réduit le potentiel or c’est la crise, vous savez bien. N’empêche qu’ils ne seront pas déçus le petit jeune ou la mamie myope qui auront pris l’opuscule pour la taille de ses caractères. Du brutal comme dirait Volfoni. Les voilà perdus, qui sait, pour la littérature contemporaine. Espérons que Musso et Levy pourront récupérer l’affaire. Bon sinon, outre que c’est une épreuve, c’est écrit. Après je n’ai pas pu m’empêcher de Googler "Vie et Langage" pour voir la tête de ce brave Pierre Angot. Je ne suis pas le premier à avoir eu l’idée. Preuve que le bouquin remue sévère.

Christine Angot : Une semaine de vacances . J’ai lu, 2012.

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